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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 23:08

IMG 0853Le communard dont j'ai découvert l'existance il y a quelques petites semaines a toute sa place dans notre arbre ! J'ai eu le plaisir d'aller vérifier mes informations dans un centre d'archives où sont conservés un dossier et des fiches signalétiques à son nom. Le communard, devenu bagnard a bien les mêmes parents, le même métier et habite dans le même quartier que "notre" Paul ! 

En 1871 Paul était garde-national, je n'ai aucune information précise, aucun témoignage sur ses convictions politiques mais s'il appartenait à ce corps qui a défendu la Commune, on peut penser avec de fortes présomptions qu'il caressait des idées républicaines et de laïcité, voire peut-être même anarchistes.

Il fut arrêté dans la nuit du 21 au 22 mai 1871 au tout début de ce qui est appelé "la semaine sanglante" (qui fit plusieurs milliers de morts, notamment au mur des fédérés, cimetière du Père Lachaise). Je me dis que c'est une grande chance qu'il ait été arrêté à ce moment là, car quelques jours plus tard il aurait probablement été fusillé, comme tant d'autres.

Ensuite je perds sa trace pendant presque un an, j'ignore ce qu'il est devenu. J'imagine qu'il fut emprisonné mais je ne sais pas où. En avril 1872, il est condamné "pour avoir fait partie des bandes d'insurgés, pour port d'armes apparentes et usage de ses armes dans un mouvement insurrectionnel" mais il bénéficie de circonstances atténuantes (lesquelles ?) et se trouve condamné à la déportation simple en Nouvelle-Calédonie, sur l'île des Pins.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Extrait du dossier de Paul, conservé aux Archives d'Outre-Mer

 

D'autres communards, plus ouvertement engagés ont été plus durement condamnés : déportation en enceinte fortifiée comme Louise Michel.

Je passe quelques épisodes et nous retrouvons Paul au château d'Oléron le 31 décembre 1872, jour de son embarquement à bord de l'Orne, le bateau qui va le conduire lui et quelques 500 autres personnes vers l'exil et le bagne.

Certains ont fait un très chouette travail avant moi qui m'a permis de trouver "tout cuit" sur internet le récit des 4 mois de trajet de l'Orne entre la France et la Nouvelle Calédonie, passionnant mais terrible. On peut dire que Paul est revenu de loin ! A l'issue d'un éprouvant voyage à fond de câle ou 450 des 500 passagers ont été atteints par le scorbut, Paul débarque sur l'île des Pins le 11 mai 1873. Il va résider ici peut-être dans une case comme celle-ci pendant 6 ans. En 1879, il fait partie d'une première vague de bagnards graciés. Une grâce générale sera accordée par le gouvernement en 1880. Il rentre en France à bord du Var le 1er septembre 1879. Il a très certainement été surveillé pendant quelques mois après son retour en France.

En 1880, il se marie et devient père.

 

J'ai eu la chance de consulter le journal de bord d'un codétenu à l'île des Pins, Achille Ballière, architecte et franc-maçon, qui réussira à s'échapper du bagne. En 1889 sur la base de son journal, il a écrit ses mémoires de bagnard. Notre ami Paul y est cité 3 fois. On apprend ainsi qu'il fut désigné avec Ballière pour assister à l'immersion du corps d'un codétenu mort en mer. Un peu plus tard, sur l'île des Pins lors d'une sortie avec quelques autres compagnons à la rencontre des kanaks, il fait frire des tranches d'igname et les offre aux indigènes. Ceux-ci n'ayant jamais mangé d'igname préparé de cette façon se régalent et ne laissent rien à leurs hôtes qui doivent se contenter de quelques fruits. Ce même jour, il confectionne des manchettes avec de la bimbeloterie, manchettes qui furent fort appréciées des femmes kanak.

 

Ma petite déception est de ne pas avoir trouvé de photo de Paul. Certains communards ont été photographiés en détention mais pas tous. Néammoins, j'ai trouvé deux descriptions physiques (qui différent légérement d'ailleurs !) qui sont également très précieuses... je n'ai même pas été surprise d'apprendre qu'il avait les yeux bleus !

 

Je n'en suis vraiment qu'au début, au tout début de mon enquête. Mes prochaines recherches vont me mener à Paris où d'autres dossiers sont conversés. Et puis je m'intèresse également aux autres membres de sa famille... J'espère pouvoir me dégager quelques jours au printemps ou à l'été prochain pour me consacrer à la suite de mes recherches aux Archives nationales et aux Archives de Paris.


En attendant, je lance un appel, je voudrais pouvoir acheter le bouquin d'Achille Ballière : La déportation de 1871, souvenir d'un évadé de Nouméa, publié en 1889 chez Charpentier. Il est à peu près introuvable, mais sait-on jamais, peut-être qu'il dort au fin fond d'un de vos greniers... si c'est le cas, faites moi signe, vous ferez une HEUREUSE !

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commentaires

P
<br /> Je trouve cette histoire absolument fascinante ! Je comprends que tu veuilles approfondir les recherches, partir sur les traces de cet ancêtre au destin extraordinaire...<br />
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C
<br /> Cette histoire se lit comme un roman !<br /> <br /> <br /> C'est chouette d'avoir pu être aussi documentée, je ne suis pas capable de raconter avec autant de détails la vie de mon propre père....<br />
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C
<br /> Whouahou ! c'est extra d'avoir autant de détails ! sacrés recherches dis donc ... qui sait dans les archives de Paris il y aura peut-être une photo égarée !!!<br /> <br /> <br /> <br /> On attend la suite <br /> <br /> <br /> Bises à tous les 4<br />
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